26/07/2006
Le rêve de Guigues Trachi
Depuis presque sept siècles, la chapelle de Trachin est plantée au cœur d’Annonay et des Annonéens. Plusieurs fois, elle a été sauvée in extremis de la ruine par des bienfaiteurs providentiels. En 1972, les Annonéens se sont mobilisés autour de l’Association des « Amis de Trachin » et de la « Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de l’Ardèche » pour mener à bien sa restauration.
Certes, les visiteurs ne peuvent oublier l’éclat des vitraux du chœur réveillé par les rayons du soleil matinal, ni l’émotion ressentie à la vue des vestiges de la chapelle Saint-Jean-Baptiste dans le clocher ou des visages naïfs de Guigues Trachi et de son épouse, Igeline de Saint Jullien, immortalisés dans la pierre.
Mais d’où vient le destin miraculeux de la chapelle de Trachin ? Peut-être de ses origines… Imaginez, elle fut fondée sur un rêve…
En effet, Guigues Trachi rêvait chaque nuit que, s’il se rendait à Lyon, sur le pont de la Guillotière, il y trouverait sa fortune.
Au début, il ne prêta pas grande attention à ce qui pouvait, cependant, être considéré comme un signe du destin mais, comme le même songe se répétait nuit après nuit, il voulut en avoir le cœur net. Il décida de se rendre à Lyon. Mais, avant de partir, pour sanctifier sa démarche, il fit vœu que s’il trouvait un trésor, il en consacrerait une partie à construire une église.
Lorsqu’il arriva à Lyon, Guigues Trachi se rendit aussitôt sur le pont de la Guillotière et, là, pendant toute la journée, il va ; il vient ; il va ; il vient.... Il cherche... mais le soir venu, il n’a rien trouvé. A l’auberge, attablé devant un bon repas, notre homme est encore plein d’espoir, il se dit que, sans doute éprouvé par les fatigues du voyage, il n’a pas bien regardé partout et il se promet que le lendemain il fera plus attention.
Le deuxième jour, de bon matin, Guigues Trachi retourne sur le pont de la Guillotière et, là, il va ; il vient ; il va ; il vient... Il regarde partout : sur le pont... sous le pont. Mais le soir venu, il n’a encore rien trouvé. A l’auberge, notre homme se sent un peu découragé, il a perdu sa belle assurance de la veille. Il se dit qu’il va encore rester une journée – la dernière – puis, qu’il ait trouvé ou non ce qu’il cherche, il rentrera chez lui le soir venu.
Le troisième jour, à l’aube, Guigues Trachi se retrouve sur le pont de la Guillotière et, là, il va ; il vient ; il va ; il vient. Mais cette fois, il scrute le moindre recoin, il explore la plus petite fente entre les pierres, il creuse à main nue la terre des berges sous le pont. Hélas, le soir venu il n’a toujours rien trouvé.
Guigues Trachi va rentrer chez lui… quand il aperçoit, à l’autre bout du pont, une petite vieille, toute courbée sur sa canne, qui marche vers lui. Lorsqu’elle arrive à sa hauteur, elle s’arrête et le regarde :
« Dites-moi, mon bon monsieur, voici trois jours que je vous vois aller et venir sur ce pont. Qu’est-ce que vous pouvez bien chercher ? »
Alors Guigues Trachi raconte son histoire : « Et bien, j’ai rêvé que si je venais ici, sur le pont de la Guillotière, j’y trouverais ma fortune mais voilà trois jours que je cherche et je n’ai rien trouvé. Alors je m’en vais rentrer chez moi. »
A ces mots la petite vieille se met à rire... mais à rire... à rire aux éclats :
« Ah, ah, mon bon monsieur, vous êtres bien fou de croire aux rêves. Tenez, moi, par exemple, je rêve chaque nuit que si je me rends à… Annonay, dans le jardin d’un certain… Guigues Trachi, au pied d’un figuier, je trouverai un trésor. Mais je ne suis pas assez bête pour y aller ! »
Guigues Trachi demeure silencieux mais il s’empresse de rentrer à Annonay et rien ni personne ne pourrait arrêter sa course. Arrivé chez lui, hors d’haleine, il ne prend même pas le temps de souffler un peu ou d’embrasser sa femme. Pourtant elle était très belle ; il l’aimait passionnément et il y avait maintenant presque une semaine qu’il ne l’avait pas vue… mais non, il se précipite dans son jardin, creuse au pied du figuier et découvre.... le trésor.
Guigues Trachi a tenu sa promesse et utilisé une partie de sa fortune pour faire construire la chapelle qui porte son nom. Ce qu’il fit du reste du trésor, personne ne le sait. Mais il était devenu un homme fort sage et je suis sûre qu’il en a fait bon usage.
13:40 Publié dans Légende | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : légende, Guigues Trachi, Igeline de Saint Jullien, chapelle de Trachin, Annonay, pont de la Guillotière