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26/07/2006

Les Trêves de la Deûme

 

medium_Pont_Valgelas_1.jpgSous le pont Valgelas coule la Deûme… rivière très sacrée ou déesse bienfaisante, elle jaillit sous nos pieds des entrailles de béton qui l’avaient avalée. Elle fuit sa prison en riant à tue-tête. Les nuits de pleine lune, ses eaux se parent d’une lueur argentée.

Le long de la rivière, se languissent les Trêves… Elles se tiennent plus particulièrement à proximité des ruines ou des maisons isolées.

Ce sont les sœurs des Fades qui ne sortent que la nuit car elles fuient la lumière.

L’apparition d’une Trêve est toujours annoncée par de petits bruits insolites : tintements de clochettes, grincements, craquements, soupirs, sanglots.

medium_Ciel_bleu_d_ete_6.2.jpgEnsuite, on aperçoit de petites lueurs qui se déplacent au-dessus de la rivière.

En approchant un peu, on distingue quelque chose qui ressemble à une brume légère ou à un fin nuage comme ceux qui soulignent l’éclat d’un grand ciel bleu d’été.

En approchant plus près, on voit l’image floue d’une femme très belle avec de longs cheveux défaits flottant au vent de l'Autre Monde. Elle est vêtue jusqu'aux pieds d'une robe blanche aussi légère qu'un voile.

Pendant un petit moment, la Trêve se contente de suivre la personne qui marche au bord de la rivière, elle semble l’observer puis, soudain, elle disparaît.

Des poètes ou des fous égarés pouvaient parfois en tomber amoureux mais, de façon générale et bien qu’elles n’aient jamais fait de mal à quiconque, les humains n’aimaient pas beaucoup rencontrer des Trêves. Ils trouvaient que « ça n’était pas naturel, comme qui dirait des âmes surprises dans leur route… » Et puis, elles effrayaient les animaux et, cela pouvait poser de sérieux problèmes à ceux qui se déplaçaient à cheval ou qui transportaient des marchandises à dos de mulet ! De ce fait, les cavaliers et les muletiers faisaient de longs détours pour éviter les endroits fréquentés par les Trêves.

J’ai souvent entendu dire que pour ne pas voir de Trêves, il suffit de ne pas y penser... car celui qui pense à elles risque de les appeler et de les faire surgir brusquement.

Alors, pour ne pas y penser, chacun avait sa méthode. Certains chantaient à tue-tête toutes les chansons de leur répertoire. D’autres récitaient leurs chapelets ou leurs tables de multiplication ! D’autres composaient dans leur tête des poèmes d’amour pour leur payse, leur bonne amie… enfin celle à qui ils avaient donné leur cœur.

Bien sûr, si vous ne craignez pas l'obscurité, vous ne rencontrerez jamais de Trêves.

Par contre, si vous craignez l'obscurité et si vous savez les apprivoiser, les Trêves viendront la nuit pour vous rassurer et alors, qui sait, elles vous parleront peut-être de leurs sœurs, les Fades.

Les Fades ont précédé les anges. Elles en avaient la douceur et la sérénité. Elles veillaient sur les humains avec tendresse comme une mère sur ses enfants.

Ici, à Annonay, les Fades habitaient sur le Mont Miandon*. Leur reine s’appelait Lusette. Elle était d’une extraordinaire beauté ! Les soirs de pleine lune, elles descendaient laver leur linge dans la Deûme au quartier de Faya et elles l’étendaient sur l’herbe pour le faire sécher. Les Annonéens venaient admirer leurs belles robes… de loin car s’ils s’approchaient un peu trop près… pffft… tout disparaissait…

* Colline qui domine Annonay

medium_Deume_-_Fouines_1.2.jpg

09:35 Publié dans Légende | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : légende, trêves, fades, deûme