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26/07/2006

La légende d'André

medium_Roche_Pereandre.jpgLa roche Péréandre est un énorme rocher naturel qui se dresse au beau milieu de la Cance sur la commune de Vernosc-lès-Annonay. Sa stature imposante est bien connue des amateurs d’escalade et des randonneurs.

Mais, voyez-vous, un homme intrépide qui s’appelait André s’était mis dans la tête qu’un fabuleux trésor se cachait sous la roche. Il plongea un beau jour et découvrit une sorte de caverne dans laquelle il réussit à se glisser. Hélas, si la grotte était assez grande pour abriter un homme, elle ne contenait ni pièces d’or, ni joyaux. André devait se faire une raison, il allait rentrer chez lui bredouille ! De plus, comme pour ajouter encore à sa déconvenue, une crue subite fit monter le niveau de la rivière l’obligeant à passer trois jours et trois nuits dans son abri sous les eaux. Lorsqu’il put enfin sortir, tout transi, couvert de boue, il remonta péniblement en ville.

Alors qu’il passe devant le portail grand ouvert de la chapelle de Trachin, il voit la nef tout illuminée de cierges allumés : on y célèbre une messe de requiem. Notre homme touché par la compassion questionne un des assistants :

- « Mais qui donc est mort ? » 

Pour toute réponse, il n’obtient qu’un cri d’effroi :

- « C’est lui, c’est le mort qui revient... et en quel état ! »

Mais aussitôt ses parents et toute sa famille le reconnaissent et l’entourent :

- « André ! Nous t’avons cherché partout, nous t’avions cru disparu à jamais et nous faisions chanter un office à ta mémoire... mais te voilà ! Viens, viens déjeuner car tu dois mourir de faim. »

Un repas de funérailles attend la famille et les amis. Ce ne sont que gigots de moutons et poulets rôtis arrosés d’un bon vin de Cornas.

Mais… on ne se gave pas à son propre repas de funérailles impunément. André mangea tant... et tant… qu’il en mourut !

L’office put reprendre et s’achever à Trachin… le glas sonner pour de bon.

 La roche de la Cance aura malgré tout scellé le destin d’André… d’ailleurs elle garde toujours son souvenir. Elle s’appelle la roche où périt André… la roche Péréandre.

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Le bon docteur Caron

medium_Annonay_-_Clocher_de_Trachin_1.2.jpgLa chapelle de Trachin a échappé à tous les outrages infligés aux églises ou couvents d’Annonay pendant les Guerres de Religion. Histoire ou légende selon l’inclinaison de votre cœur, voici une bien belle explication à ce miracle.

A l’époque des guerres de religion, au cours d’un assaut, un chef protestant est grièvement blessé au pied des remparts. La plaie est profonde… au bout de quelques heures, l’infection gagne et la douleur devient insupportable. Les médecins présents, malgré tout leur savoir, se déclarent impuissants à soulager leur patient. Il doit se mettre en paix avec sa conscience et se préparer au trépas.

Mais l’homme ne l’entend pas de cette oreille. Il appelle son plus dévoué compagnon et lui dit :

- « Va me chercher Caron. Lui, saura me guérir. »

Caron est un médecin d’Annonay dont la réputation s’étend bien au-delà des limites de la ville et les malades viennent de loin pour le consulter… dans les cas désespérés. Mais Caron est catholique… la mission est délicate…

Le célèbre médecin réfléchit quelques instants… Il a prêté le serment d’Hippocrate, il se doit de porter secours à quiconque mais il déclare au soldat :

« Et bien soit. J’irai soigner ton capitaine mais à une seule condition… il doit jurer sur son honneur de protéger la chapelle de Trachin. »

Voilà, pour sûr, un marché bien honnête ! La mort est redoutable… alors le Huguenot promet.

Quelques jours plus tard, grâce à l’habilité de Caron, la blessure, proprement désinfectée, se referme.

Notre capitaine était homme de parole. Trachin a survécu aux guerres de religion.

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Le rêve de Guigues Trachi

medium_Trachin_5.jpgDepuis presque sept siècles, la chapelle de Trachin est plantée au cœur d’Annonay et des Annonéens. Plusieurs fois, elle a été sauvée in extremis de la ruine par des bienfaiteurs providentiels. En 1972, les Annonéens se sont mobilisés autour de l’Association des « Amis de Trachin » et de la « Société de Sauvegarde des Monuments Anciens de l’Ardèche » pour mener à bien sa restauration.

Certes, les visiteurs ne peuvent oublier l’éclat des vitraux du chœur réveillé par les rayons du soleil matinal, ni l’émotion ressentie à la vue des vestiges de la chapelle Saint-Jean-Baptiste dans le clocher ou des visages naïfs de Guigues Trachi et de son épouse, Igeline de Saint Jullien, immortalisés dans la pierre.

Mais d’où vient le destin miraculeux de la chapelle de Trachin ? Peut-être de ses origines… Imaginez, elle fut fondée sur un rêve…

En effet, Guigues Trachi rêvait chaque nuit que, s’il se rendait à Lyon, sur le pont de la Guillotière, il y trouverait sa fortune.

Au début, il ne prêta pas grande attention à ce qui pouvait, cependant, être considéré comme un signe du destin mais, comme le même songe se répétait nuit après nuit, il voulut en avoir le cœur net. Il décida de se rendre à Lyon. Mais, avant de partir, pour sanctifier sa démarche, il fit vœu que s’il trouvait un trésor, il en consacrerait une partie à construire une église.

Lorsqu’il arriva à Lyon, Guigues Trachi se rendit aussitôt sur le pont de la Guillotière et, là, pendant toute la journée, il va ; il vient ; il va ; il vient.... Il cherche... mais le soir venu, il n’a rien trouvé. A l’auberge, attablé devant un bon repas, notre homme est encore plein d’espoir, il se dit que, sans doute éprouvé par les fatigues du voyage, il n’a pas bien regardé partout et il se promet que le lendemain il fera plus attention.

Le deuxième jour, de bon matin, Guigues Trachi retourne sur le pont de la Guillotière et, là, il va ; il vient ; il va ; il vient... Il regarde partout : sur le pont... sous le pont. Mais le soir venu, il n’a encore rien trouvé. A l’auberge, notre homme se sent un peu découragé, il a perdu sa belle assurance de la veille. Il se dit qu’il va encore rester une journée – la dernière – puis, qu’il ait trouvé ou non ce qu’il cherche, il rentrera chez lui le soir venu.

Le troisième jour, à l’aube, Guigues Trachi se retrouve sur le pont de la Guillotière et, là, il va ; il vient ; il va ; il vient. Mais cette fois, il scrute le moindre recoin, il explore la plus petite fente entre les pierres, il creuse à main nue la terre des berges sous le pont. Hélas, le soir venu il n’a toujours rien trouvé.

Guigues Trachi va rentrer chez lui… quand il aperçoit, à l’autre bout du pont, une petite vieille, toute courbée sur sa canne, qui marche vers lui. Lorsqu’elle arrive à sa hauteur, elle s’arrête et le regarde :

« Dites-moi, mon bon monsieur, voici trois jours que je vous vois aller et venir sur ce pont. Qu’est-ce que vous pouvez bien chercher ? »

Alors Guigues Trachi raconte son histoire : « Et bien, j’ai rêvé que si je venais ici, sur le pont de la Guillotière, j’y trouverais ma fortune mais voilà trois jours que je cherche et je n’ai rien trouvé. Alors je m’en vais rentrer chez moi. »

A ces mots la petite vieille se met à rire... mais à rire... à rire aux éclats :

« Ah, ah, mon bon monsieur, vous êtres bien fou de croire aux rêves. Tenez, moi, par exemple, je rêve chaque nuit que si je me rends à… Annonay, dans le jardin d’un certain… Guigues Trachi, au pied d’un figuier, je trouverai un trésor. Mais je ne suis pas assez bête pour y aller ! »

Guigues Trachi demeure silencieux mais il s’empresse de rentrer à Annonay et rien ni personne ne pourrait arrêter sa course. Arrivé chez lui, hors d’haleine, il ne prend même pas le temps de souffler un peu ou d’embrasser sa femme. Pourtant elle était très belle ; il l’aimait passionnément et il y avait maintenant presque une semaine qu’il ne l’avait pas vue… mais non, il se précipite dans son jardin, creuse au pied du figuier et découvre.... le trésor.

Guigues Trachi a tenu sa promesse et utilisé une partie de sa fortune pour faire construire la chapelle qui porte son nom. Ce qu’il fit du reste du trésor, personne ne le sait. Mais il était devenu un homme fort sage et je suis sûre qu’il en a fait bon usage.

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